Témoignage d'élève: Philippe

Philippe a participé à notre session alors qu'il était en formation pour devenir pasteur. Il était alors impliqué dans une église chinoise à Paris. Il nous partage son témoignage et évoque les ateliers sur l'inter-culuralité.

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Je tiens tout d’abord à souligner la qualité de la formation que nous avons reçue durant cinq jours à l’Institut biblique de Nogent, tant sur le plan théorique et théologique que sur le plan pratique. Je salue le travail des formateurs et les encourage dans la poursuite de leurs projets pour de futures sessions.


Je relèverai trois points dans cette formation, qui ont contribué à nourrir ma réflexion sur le service que j’ai actuellement dans le département de la louange.


1. La raison d'être du culte


Tout d’abord, j’ai beaucoup apprécié l’enseignement sur le culte avec ses rappels sur ce qui est la raison d’être de nos rassemblements semaine après semaine. Cela faisait longtemps que je n’avais pas reçu d’enseignement spécifique sur le culte et bon nombre de vérités vont me permettre de renouveler et d’enrichir ma pratique.

Parmi les objectifs du culte, on met en pratique souvent les deux premiers : d’abord, adorer et servir Dieu puis édifier l’Eglise. Je dis cela en me fondant sur mon expérience personnelle.


Le troisième objectif, à savoir équiper les chrétiens pour qu’ils soient témoins dans le monde, est souvent négligé. Or il me semble en effet que les chrétiens ne cessent pas d’être chrétiens après le culte du dimanche. J’aime, à ce titre, l’idée de l’Eglise dispersée durant la semaine, qui se rassemble lors du culte pour se disperser à nouveau là où Dieu nous a précieusement placés. C’est un axe que j’aimerais intégrer plus souvent dans les cultes que je prépare parce que cela me semble pertinent.


En outre, j’ai été conforté par l’idée que la lecture de la Parole de Dieu a toute sa place dans une présidence car cela rejoint déjà notre pratique à l’église. J’ai trouvé très utile d’avoir cette liste de références bibliques qui alimentent les différents temps du culte, de l’accueil fraternel à la bénédiction en passant par l’appel à l’adoration, l’offrande ou la confession des péchés.


En somme, cet enseignement a été aussi un bon rappel sur le fait que malgré toute l’expérience pratique qu’on peut avoir, il est nécessaire de prendre du temps pour préparer un culte, pour choisir les textes bibliques et les chants ou encore pour agencer les moments de prière.


2. Louange ou star-system ?


Le deuxième élément qui m’a interpellé et que je n’ignorais pas, c’est l’évolution de la louange contemporaine vers un star system.

La louange n’a plus pour centre Dieu mais celui qui loue et en l’occurrence le meneur de louange. Sans tomber dans un esprit de jugement, nous pouvons distinguer ce qui amène à glorifier Dieu et ce qui n’est rien d’autre qu’une expérience exaltante. Cette dernière est entre autres alimentée par l’effet de groupe et les moyens techniques mis en œuvre pour passer un bon moment. Un bon moment ? Pour soi ? Avec les autres ? Pour Dieu ? La frontière est en tout cas mince pour l’adorateur qui est, d’un côté, convaincu de louer Dieu et qui, de l’autre, est entrainé par la musique, par l’ambiance environnante et par les émotions qui l’animent.


J’ai été marqué par l’intervention d’Alex Mayemba qui a évoqué la difficulté pour un professionnel de ne pas avoir recours à des leviers de séduction, voire de manipulation, lorsqu’il se retrouve dans son église. Et que dire de ce que gagnent les artistes chrétiens, en particulier dans le monde anglophone ? Cela me questionne sur la manière de soutenir un artiste et désormais, j’aimerais réfléchir à deux fois avant d’acheter un CD, sachant ce que cela génère. Je m’interroge maintenant sur le fait qu’un collectif américain comme Passion sorte chaque année un nouvel album à l’occasion de ses conférences annuelles. De l’extérieur, cela ressemble à une course contre la montre et je n’imagine pas tout ce que cela représente en termes de revenus. J’ai encore entendu dire par un distributeur de musique chrétienne qu’un album lambda a une durée de vie moyenne qui est comparable à celle d’un yaourt, parce que les gens veulent de la nouveauté.


Finalement, l’industrie de la musique chrétienne, les artistes qui ont parfois une vie de superstar ou sont considérés comme tels, les temps de louange qui deviennent de véritables concerts nous poussent – peut-être involontairement – à devenir des consommateurs de la louange. Bien plus qu’avant, je me rends compte que la vigilance est de mise pour ne pas tomber dans cette dérive où la louange a pris la place de Dieu.



3. La diversité culturelle dans le culte et la justice


Le troisième point marquant qui a été abordé durant cette semaine concerne la diversité culturelle et la manière de prendre en compte cette diversité dans nos églises et plus particulièrement lors du culte.

Je savais que la Bible en faisait mention et j’avais déjà lu le passage d’Apocalypse 7 : 9 qui décrit une foule immense composée de gens de toute nation, de toute langue et de toute culture. Quel tableau grandiose : l’Eglise universelle adorant le « Dieu qui siège sur le trône » et « l’Agneau » !


C’est dans cette perspective eschatologique que s’inscrit ma réflexion autour de cette question de la diversité des cultures au sein de nos assemblées. Etant issu d’une église chinoise qui a peu à peu développé une partie francophone, j’ai toujours connu une culture « unique » qui a traversé les années. En voyant les membres, on constate un ensemble assez homogène, culturellement parlant : des Chinois de deuxième génération bien intégrés dans la culture française. Cette biculturalité est certes un atout mais des membres d’autres cultures nous ont rejoint et je me demande comment on pourrait mettre en valeur leur culture.


Comme cela a été dit, on tend vers « un œcuménisme culturel ». Puisque notre avenir est de vivre l’interculturalité, pourquoi ne pas commencer à le vivre ou en tout cas à s’y préparer dès maintenant ? J’ai été interpellé par l’idée que cela relève de la justice dans l’église. Même si je n’ai pas l’impression que les minorités sont lésées dans la nôtre, je pense que cela ne peut que nous être bénéfique d’étendre notre horizon culturel. C’est une manière de démontrer concrètement que nous nous intéressons à l’autre qui est notre frère, notre sœur, mais qui est tout de même différent. Je ne sais pas encore concrètement comment introduire cette richesse culturelle dans notre culte mais ce temps d’atelier m’a stimulé pour entreprendre des actions prochainement.


Nous possédons en effet une richesse culturelle et une sensibilité spirituelle qu’il est important de prendre en compte. Même si nos églises locales peuvent connaître une certaine inertie liée à l’habitude ou à la tradition, je ne désespère pas de participer à des cultes toujours plus conformes à la Parole de Dieu, des célébrations d’un peuple multiculturel et consacré, à la seule gloire de notre Dieu.


Ainsi, Dieu nous a fait don de nombreux trésors pour que nos cultes ne soient ni répétitifs ni uniformisants. D’un côté, l’Eglise ne doit pas devenir un peuple de consommateurs de la louange mais de l’autre, elle doit considérer les hommes et les femmes qui la composent. Nous possédons en effet une richesse culturelle et une sensibilité spirituelle qu’il est important de prendre en compte. Même si nos églises locales peuvent connaître une certaine inertie liée à l’habitude ou à la tradition, je ne désespère pas de participer à des cultes toujours plus conformes à la Parole de Dieu, des célébrations d’un peuple multiculturel et consacré, à la seule gloire de notre Dieu.

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